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Théologie des deux alliances

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La théologie des deux alliances, ou théologie de la double alliance, est une doctrine de la théologie chrétienne, et plus particulièrement de l'Église catholique, selon laquelle Dieu n'a jamais rompu son alliance avec le peuple d'Israël. Par conséquent, l'Alliance de l'Ancien Testament demeure valide en ce qui concerne le judaïsme : il n'y a pas lieu, pour les chrétiens, de chercher à convertir les juifs à la religion de Jésus-Christ.

Les enjeux théologiques

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Les deux voies d'accès

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Cette mosaïque de la cathédrale de Monreale relaie un thème typique de la théologie de la substitution : Isaac bénissant Jacob au détriment d'Ésaü, qui a perdu son droit d'aînesse.

Pour le philosophe juif Franz Rosenzweig, le judaïsme ne saurait être le « précurseur » du christianisme car il s'inscrit en dehors de la temporalité. Le judaïsme et le christianisme constituent deux voies d’accès à la même vérité, toutes deux d'une égale dignité[1]. Dans L'Étoile de la Rédemption (1921), Rosenzweig écrit que « le christianisme reconnaît le Dieu des Juifs, non pas comme Dieu mais comme "le Père de Jésus-Christ". Le christianisme lui-même se rattache au "Seigneur" parce qu'il sait que le Père ne peut être atteint que par lui... Nous sommes tous entièrement d'accord sur ce que le Christ et son Église veulent signifier au monde : nul ne peut atteindre le Père que par lui. Nul ne peut atteindre le Père ! Mais la situation est différente pour ceux qui n'ont pas à atteindre le Père parce qu'il est déjà avec eux. Et cela s'applique au peuple d'Israël »[2].

Or la doctrine de la validité des deux alliances est en opposition frontale avec la théologie de la substitution, ou supersessionisme, qui a prévalu dans le catholicisme jusqu'au concile Vatican II et selon laquelle le christianisme se substituait au judaïsme, l'Église chrétienne devenant le « véritable Israël » (verus Israel) au détriment de l'« ancien Israël » (vetus Israel)[3],[4].

Le « mystère d'Israël »

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La question de la permanence du peuple juif et, partant, de sa religion interroge depuis des siècles les théologiens catholiques, qui y voient un « mystère » religieux. Le terme est employé, entre autres, par Pascal dans ses Pensées (1670)[5] et par Bossuet dans son Discours sur l'histoire universelle (1681). Cette expression figure encore, quelques années avant le concile Vatican II, chez plusieurs auteurs catholiques, en particulier le prêtre jésuite Joseph Bonsirven[6] et le philosophe Jacques Maritain (Le Mystère d'Israël et autres essais, 1965)[7]. Maritain ne s'inspire pas de Bonsirven mais, comme lui, se réfère à Bossuet[7].

Lorsque Bonsirven écrit, sous la direction de Charles Journet, le dernier chapitre de Israël et la foi chrétienne (1942), qu'il intitule « Le mystère d' Israël », il constate que les Juifs, malgré les nombreuses vicissitudes qu'ils ont subies au cours des siècles, ont subsisté : « Dieu ne les a pas supprimés et, alors que tant de fois ils auraient dû disparaître, il les a sauvegardés, les réservant pour une tâche que nous ne pouvons définir »[7]. Quelques années plus tôt, dans Sur les ruines du Temple (1928), Bonsirven s'était pourtant efforcé de préciser cette « tâche » : loin d'être une religion dépassée, dépréciée, disqualifiée, le judaïsme demeure d'actualité parce que, tout comme le christianisme, il a « puisé à la même source divine, la révélation du Sinaï, la prédication des prophètes »[6]. Cependant, pour Bonsirven, le peuple juif a failli à sa mission, qui était de renoncer à son identité particulière afin de s'ouvrir à l'universalité du nouveau peuple de Dieu, c'est-à-dire l’Église chrétienne[6].

Selon Maritain[8], le « mystère d'Israël » est « du même ordre que le mystère du monde et le mystère de l'Église. Au cœur, comme eux, de la Rédemption »[7]. Il y voit toutefois « une sorte d'analogie renversée », où un « mystère nocturne » (celui d'Israël) correspond à un « mystère matutinal » (celui de l'Église)[7]. Nocturne est pour Maritain le destin d'Israël qui continue d'attendre le Messie et dont la communion « n'est pas la communion des saints mais la communion de l'Espérance terrestre »[7]. Et Maritain d'ajouter : « La foncière carence de leur communion mystique, c'est l'inintelligence de la croix, le refus de la croix, et donc de la transfiguration[7]. » À cause de ses dirigeants qui n'ont pas reconnu le Christ, Israël a « trébuché » et son corps mystique « est une Église infidèle et répudiée [...], répudiée comme Église, non comme peuple. Et toujours attendue de l'Époux, qui n'a cessé de l'aimer »[7]. Ces réflexions sont qualifiées d'« audacieuses » par Pierre d'Ornellas, qui avoue sa perplexité face à la conclusion de Maritain où s'opposent « "une réalité surnaturelle" que serait l'Église et "une réalité de ce monde" que serait Israël »[7].

Lorsque le Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens publie en décembre 1974 les Orientations et suggestions pour l'application de la déclaration conciliaire Nostra Ætate § 4, le Magistère de l'Église catholique demande aux juifs de définir leur propre perception du « mystère d'Israël »[7].

Nostra Ætate et les Orientations pastorales

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Synagoga and Ecclesia in Our Time (2015), sculpture de Joshua Koffman pour le cinquantenaire de Nostra Ætate. Contrairement aux représentations traditionnelles de Ecclesia et Synagoga, où la Synagogue apparaît déchue, les yeux aveuglés par un bandeau, l'œuvre montre ici le judaïsme et le christianisme sous l'apparence de deux reines couronnées, d'une égale majesté.

Nostra Ætate

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Le 28 octobre 1965, le concile Vatican II publie la déclaration Nostra Ætate, d'où ressortent plusieurs affirmations concernant les relations entre judaïsme et christianisme. En particulier, est infirmée la doctrine selon laquelle les juifs sont exclus de l’Alliance avec Dieu après la venue du Christ[4]. La Première Alliance doit être considérée comme toujours valide et la théologie de la substitution doit être rejetée[9]. En outre, Nostra Ætate souligne les liens positifs que Jésus entretenait avec l’enseignement juif de son époque. Si le Christ prend appui sur cette Première Alliance, elle ne saurait être révoquée[4].

Nostra Ætate indique dans son no 4 :

« L'Église ne peut oublier qu'elle a reçu la révélation de l'Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l'antique Alliance. [...] L'Église a toujours devant les yeux les paroles de l'apôtre Paul sur ceux de sa race à qui appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, et de ce qui est né, selon la chair, le Christ (Rm 9, 4-5). »

Les Orientations pastorales de 1973

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C'est sur ce no 4 que portent les Orientations et suggestions pour l'application de la déclaration conciliaire Nostra Ætate publiées le 1er décembre 1974 par le Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens[10]. L'année précédente, le 16 avril 1973, la Conférence des évêques de France avait fait paraître ses Orientations pastorales pour les relations avec le judaïsme[11], qui, traduites en une vingtaine de langues, ont connu un retentissement international et suscité de nombreuses polémiques dans le monde catholique, aussi bien à Rome qu'au sein de l'épiscopat français[12].

Les suites de Vatican II

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L'Alliance non révoquée

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En 1973, le Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme déclare à son tour[13] :

« Une catéchèse chrétienne véritable doit affirmer la valeur actuelle de la Bible tout entière. La première Alliance, en effet n'a pas été rendue caduque par la nouvelle. Elle en est la racine, la source, le fondement et la promesse. »

L'abandon du supersessionisme par l'Église catholique est acté par le cardinal allemand Joseph Ratzinger avant même son élection pontificale[14], alors qu'il est préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ainsi que par Jean-Paul II, dont l'allocution adressée aux dirigeants des communautés juives d'Allemagne (Mayence, ) évoque le « peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, qui n'a jamais été révoquée par Dieu »[15] :

« La rencontre entre le peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance que Dieu n'a jamais dénoncée (Rm 11, 29) et celui de la Nouvelle Alliance, est en même temps un dialogue à l'intérieur de notre Église, pour ainsi dire entre la première et la seconde partie de notre Bible [...]. La deuxième dimension de notre dialogue est la rencontre entre l'Église chrétienne d'aujourd'hui et le peuple de l'Alliance conclue avec Moïse. »

La Nouvelle Alliance ne se substitue pas à l'Ancienne : au contraire, elle s'inscrit dans l'alliance éternelle de Dieu avec le peuple juif, que Jésus a renouvelée. Il appartient aux chrétiens, par pure grâce, d'entrer, par le Christ et le mystère de la rédemption, dans cette alliance éternelle[16].

De même, dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (2013)[17], le pape François reprend les concepts d'Alliance irrévocable et de fidélité du peuple juif à la Loi de Moïse déjà rappelés par le cardinal Walter Kasper en [18].

L'universalité du salut en Jésus-Christ

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Le document intitulé « Les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables[19] », publié en 2015 par le Magistère de l'Église catholique, se réfère notamment aux chapitres 9 et 11 de l'Épître aux Romains[20]. Aux sections 5 et 6, il traite des questions liées à l'universalité du salut en Jésus-Christ, dans la perspective de l'Alliance de Dieu avec Israël, et au mandat d'évangélisation par rapport au judaïsme[20]. Il souligne qu'il ne saurait exister deux voies ou approches différentes menant au salut mais précise que la mission salvifique universelle de Jésus-Christ ne signifie en rien que les juifs soient exclus du salut, le Christ étant venu sauver les gentils mais aussi les juifs (35, 36, 37)[20].

La question de l'évangélisation

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Il ne s’agit pas de s'efforcer de convertir les juifs, « mais plutôt d’attendre l’heure voulue par le Seigneur où nous serons tous unis et où "tous les peuples [l’]invoqueront […] d’une seule voix et le serviront sous un même joug" (Nostra Ætate, n. 4) »[20]. Il convient toutefois de ne pas surinterpréter le fait que « l’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée », phrase prononcée par Jean-Paul II dans son discours de Mayence, en 1980, et confirmée par le Catéchisme de l’Église catholique en 1993 (39)[20]. En conclusion, « alors que l’Église rejette par principe toute mission institutionnelle auprès des juifs, les chrétiens sont néanmoins appelés à rendre témoignage de leur foi en Jésus-Christ devant les juifs, avec humilité et délicatesse, en reconnaissant que les juifs sont dépositaires de la Parole de Dieu et en gardant toujours présente à l’esprit l’immense tragédie de la Shoah » (40)[20].

Notes et références

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  1. Bernard-Henri Lévy, Franz Rosenzweig ou le génie du judaïsme, L’Arche, mai 2015.
  2. Nahum N. Glatzer, Franz Rosenzweig : His Life and Thought, New York, Schocken Books, 1961, p. 341.
  3. Marcel Simon, Verus Israël : Les relations entre chrétiens et juifs dans l'Empire romain (135-425), Boccard, 2e édition, 1983 (ISBN 978-2701800035)
  4. a b et c John T. Pawlikowski, « La christologie comme clé d’une théologie "post-substitutive" du judaïsme après Nostra ætate », Recherches de science religieuse, vol. 105, no 1,‎ , p. 15–38 (ISSN 0034-1258, DOI 10.3917/rsr.171.0015, lire en ligne, consulté le ).
  5. Voir à ce sujet Fadiey Lovsky, « Pascal et les Juifs », Cahiers sioniens, décembre 1951, p. 355 sq ; Philippe Sellier, Introduction aux Pensées, éd. Garnier, Paris, 2010, p. 63 sq ; Bernard Chédozeau, Port-Royal et la Bible, Un siècle d’or de la Bible en France, 1605-1708, Paris, Nolin, 2007.
  6. a b et c Thérèse M. Andrevon, « Joseph Bonsirven et le « mystère d'Israël » », Nouvelle Revue théologique, t. 133, no 4,‎ , p. 547-567. (lire en ligne Accès libre).
  7. a b c d e f g h i et j Pierre d'Ornellas, « Le "mystère d'Israël" », in Conférence des évêques de France, La Permanence d'Israël. Interroge-t-elle notre identité chrétienne ? Extraits du colloque du SNRJ et du SNCC (20-21 mars 2023), « Documents Épiscopat » no 7, janvier 2024, p. 4-9.
  8. Le Mystère d'Israël et autres essais, 1965.
  9. Joseph Ratzinger, « Les dons et l’appel sans repentir. À propos de l’article 4 de la déclaration Nostra Aetate », Communio 2018/5 (n° 259), p. 123-145.
  10. Orientations et suggestions pour l'application de la déclaration conciliaire Nostra Ætate § 4, 1er décembre 1974.
  11. Orientations pastorales du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme, 16 avril 1973.
  12. Thérèse M. Andrevon, « Histoire, réception et enjeux théologiques », in Conférence des évêques de France, La Permanence d'Israël. Interroge-t-elle notre identité chrétienne ? Extraits du colloque du SNRJ et du SNCC (20-21 mars 2023), « Documents Épiscopat » no 7, janvier 2024, p. 21-33.
  13. Orientations pastorales du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme, 1973, chapitre V a.
  14. « La théologie de l'Alliance dans le Nouveau Testament », communication du cardinal Joseph Ratzinger à l'Académie des sciences morales et politiques, 23 janvier 1995.
  15. Jean-Paul II à Mayence, 1980, Documentation catholique, 21 décembre 1980, no 1798, p. 1148-1149, lire en ligne.
  16. Conférence des évêques de France, Service national pour les relations avec le judaïsme, Déconstruire l'antijudaïsme chrétien, éditions du Cerf, juin 2023, chapitre 6, « La Nouvelle Alliance remplace-t-elle l'Ancienne Alliance et l'Église est-elle le nouveau peuple de Dieu ? »
  17. Evangelii gaudium (2013) n. 247.
  18. Dominus Iesus.
  19. Citation de l'Épître aux Romains 11:29.
  20. a b c d e et f « Les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables », 50e anniversaire de Nostra Ætate, document du Vatican, 2015.

Bibliographie

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Documents de l'Église catholique

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Les documents ci-dessous sont classés par ordre chronologique.

Articles en ligne

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Vetus Israel, verus Israel

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Articles connexes

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Liens externes

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