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Catulle Mendès — Paysage de neige
- De loin en loin, et dans les dalles enchâssé,
- Un bassin de porphyre au rebord verglacé
- Courbe sa profondeur polie, où l’onde gèle ;
- Le froid durcissement a poussé la margelle,
- Et le porphyre en plus d’un endroit est fendu ;
- Un jet d’eau qui montait n’est point redescendu,
- Roseau de diamant dont la cime évasée
- Suspend une immobile ombelle de rosée.
- Dans la vasque, pourtant, des fleurs, givre à demi,
- Semblent les rêves frais du cristal endormi
- Et sèment d’orbes blancs sa lucide surface,
- Lotus de neige éclos sur un étang de glace,
- Lys étranges, dans l'âme éveillant l’idéal
- D’on ne sait quel printemps farouche et boréal.
Catulle Mendès (22/5/1841 – 7/2/1909) — Hespérus, IV : La Vision suprême (1872).
Retrouvez les poèmes de Catulle Mendès dans Wikisource
s:mai 2011 Invitation 1Catulle Mendès — Paysage de neige
Catulle Mendès (22/5/1841 – 7/2/1909) — Hespérus, IV : La Vision suprême (1872). Retrouvez les poèmes de Catulle Mendès dans Wikisource |
s:mai 2011 Invitation 2Rabîndranâth Tagore — Mon cœur mis à nu
Rabindranath Tagore (6/5/1861 – 7/7/1941) — L’Offrande lyrique (Gitanjali, 1910). Traduction de l’anglais par André Gide (NRF, 1913). |
s:mai 2011 Invitation 3Amadou Hampâté Bâ — Vieux sages « Moi, M’Bonki, roi au pays de Toula Heela, je déclare sur les mânes de mes ancêtres que si l’un de vous a caché son père quelque part, il peut me l’avouer sans crainte. J’accorderai la vie sauve au vieil homme. Mieux, je lui donnerai une place d’honneur auprès de moi, car je viens de comprendre qu’un roi dépourvu de vieux conseillers est semblable à une force aveugle qui cogne sans mesure et va droit au suicide. Voyager par une nuit obscure n’est pas dépourvu de danger : or un pays privé de vieux sages est comme un voyage par une nuit sans lune. Que celui qui a sauvé son père me parle donc sans inquiétude. » (...) Les jeunes allèrent tous ensemble chercher le vieux dans sa grotte, et le ramenèrent en triomphe au village. Le roi, reconnaissant ses erreurs et son inexpérience, prit le vieil homme auprès de lui et en fit son conseiller pour le restant de sa vie. Et c’est depuis ce temps-là, dit-on, que les rois africains se sont toujours fait entourer d’un « Conseil de vieux ». Amadou Hampâté Bâ (1900 ou 1901 – 15/5/1991) — Le Roi qui voulait tuer tout les vieux ou Nul ne peut voir tout seul le sommet de son crâne dans Il n’y a pas de petite querelle. Nouveaux contes de la savane (Stock éditeur, collection Pocket, 2006). |
s:mai 2011 Invitation 4Jacques Lacarrière — Terre promise Si je n’étais pas devenu écrivain, je serais devenu jardinier. J’ai toujours admiré l’art de faire et d’entretenir des jardins car il ne consiste pas seulement à domestiquer la nature, à en maîtriser les élans et en parfaire les productions, c’est aussi un art d’avant-garde. Un jardinier est un homme d’avenir, en ce sens qu’il est toujours en avance d’une saison ou de deux, semant en automne les fleurs du printemps, préparant à l’automne ce qui fleurira au printemps. Là où un profane ne verra que désert, désolation, aridité, le jardinier, lui, contemplera déjà l’éden d’un luxuriant massif. Pour accéder à la terre promise, les jardiniers n’ont nul besoin de traverser d’affreux déserts ni de défier les flots de la mer Rouge ; car un jardin est toujours une terre promise. Et qui plus est souvent à deux pas de chez soi. Bien sûr, le forestier agit de même, mais il travaille sur une plus longue échelle. Sa vision se doit d’être plus vaste, son ambition aussi. Jacques Lacarrière (2/12/1925 – 17/9/2005) — Un jardin pour mémoire (1999, NIL éditions, page 186). |
s:mai 2011 Invitation 5Armistead Maupin — Faire confiance Quand je décachetai l’enveloppe, il en tomba une carte postale très kitsch représentant la fameuse grange de M. Neilson. À en juger par les touristes vêtus de pantalons à pattes d’ef, la photo devait dater des années soixante-dix. Donna avait griffonné au verso : « D’accord, c’est pas le Guggenheim. » Outre la carte postale, l’enveloppe contenait une photo de Pete, debout devant une porte de garage, en jean et sweat-shirt gris pâle. Un jeune garçon menu et frêle, arborant un sourire gouailleur sous une épaisse tignasse noire. C’est le regard qui me frappa surtout. Il avait des yeux d’un vert pâle, luminescent, dont l’aspect irréel avait de quoi laisser bouche bée. Un peu comme ces cailloux d’une merveilleuse beauté que l’on ramasse sur une plage et dont on s’aperçoit, en y regardant d'un peu plus près, qu’ils ne sont que des tessons de bouteille longtemps roulés par les flots. Armistead Maupin — Une voix dans la nuit (2000, trad. éditions de L’Olivier, 2001, page 77). |
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